J’ai arpenté la capitale bosnienne à la recherche des meilleures adresses pour cet article. La Bosnie est pour moi un véritable coup de cœur. J’ai écrit cet article pour qu’elle le soit aussi pour vous. J’habite en Slovénie, dans un autre pays de l’ex-Yougoslavie. Aussi, les Balkans sont pour moi une véritable passion, que je vais essayer de vous transmettre ici, avec leurs spécificités.

Pour savoir que faire en Bosnie, ouvrez le lien précèdent. La Bosnie est un pays fascinant. Aussi, je vous recommande de ne pas vous limiter à Sarajevo, et de au moins visiter Mostar également.

D’abord, je vais résumer un peu l’histoire de Sarajevo, car c’est une ville impossible à aborder sans comprendre son histoire si riche. Puis je vais faire un point sur la sécurité ou les dangers du tourisme à Sarajevo, avant de passer aux activés à faire à Sarajevo. Vous pouvez naviguer dans l’article en utilisant le sommaire ci-dessous.

Histoire de Sarajevo

Sarajevo, comme toute la Bosnie, a été occupée par les Ottomans (l’Empire Turc) pendant 400 ans. C’est de cette époque que nous viennent de nombreux aspects de la ville d’aujourd’hui : ses loukoums, son café à la Turque (très serré !), ses tapis… Au 16ème siècle, le généreux gouverneur ottoman de la ville, Gazi Husrev-beg, fait construire à grande échelle, une bonne partie du centre ottoman de Sarajevo, tel que nous le connaissons. Il est notamment responsable de la mosquée qui porte son nom, considérée comme l’une des plus belles des Balkans. C’est justifié, puisque Sarajevo est une ville énorme pour la région, à cette époque, comptant 80 000 habitants (contre 12 000 pour Belgrade et 14 000 pour Zagreb, c’est même beaucoup plus que New York !). C’est aussi la ville la plus riche des Balkans, juste après Dubrovnik, aujourd’hui haut lieu du tourisme en Croatie. Finalement, l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman enteront en guerre de territoires. C’est l’Empire austro-hongrois qui en sortira victorieux et auquel reviendra le devoir d’administrer la Bosnie-Herzégovine.

Empire ottoman
L'Empire Ottoman au XVIe siècle

Mais la minorité serbe installée en Bosnie n’est pas tellement contente de ce revirement. Alors quand l’Autriche-Hongrie envoie l’héritier au trône, un certain archiduc François-Ferdinand, en visite de courtoisie à Sarajevo, un étudiant serbe du nom de Gavrilo Princip, l’assassine, devant le pont latin, où une plaque se trouve encore. Il devient un véritable héros pour les nationalistes serbes, qui nomment le pont en son honneur.

En résultat de la guerre, on forme ce qui deviendra la Yougoslavie, comprenant six pays d’aujourd’hui : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro, Macédoine du Nord, Slovénie et Serbie. Le dictateur Tito gouverne d’une main de fer ces six peuples bien différents, sous un modèle socialiste influencé par l’URSS. En 1984, pour favoriser l’influence internationale de la Yougoslavie, Sarajevo est choisie pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver.

Alors à la mort du dictateur Tito dans les années 1980, les tensions remontent. Les Serbes prennent trop de place dans cette union, les Slovènes donnent trop d’argent comparé aux autres, et les Bosniens sont trop effacés. Quand vient le moment de prendre son indépendance en 1992, les trois communautés bosniennes : les Bosniaques (musulmans), les Bosno-serbes (orthodoxes) et les Bosno-croates (catholiques) entrent en conflit. Les Bosno-serbes refusent cette indépendance qui les sépare de la Serbie. Ils assiègent Sarajevo pendant 4 ans durant, sans jamais y entrer. Depuis les collines environnantes, ils tirent à longueur de journée des obus, dans ce qui sera la guerre européenne la plus meurtrière depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Finalement, les Accords de Dayton mettent fin à cette guerre, en accordant aux Serbes de diviser la Bosnie-Herzégovine en deux entités gouvernées séparément : la Fédération de Bosnie-Herzégovine, et la République serbe de Bosnie. Mais le système que ces accords mettent en place est fragile, aujourd’hui encore. Il y a par exemple trois présidents distincts, un de chaque communauté, et les droits des trois communautés sont différents, tous comme les quartiers sont distincts, et chacun ne dépasse jamais son périmètre. Chacun redoute qu’une guerre reprenne.

Carte de Bosnie aec ses entités autonomes

Tourisme à Sarajevo : danger ou sécurité ?

Sarajevo est une destination sans danger. Ce n’est pas mal famé, on ne se sent jamais en insécurité, les infrastructures sont propres et entretenues. France diplomatie dit elle-même que la destination ne pose pas de problème de sécurité.

Bien sûr, rien n’est jamais tout rose. Les principaux problèmes à Sarajevo sont :

  • Les pickpockets : comme dans de nombreuses grandes villes européennes. J’en ai moi-même été victime.
  • Les mines : en randonnée, on ne sort jamais des sentiers tracés, car la Bosnie (même les collines de Sarajevo) n’a pas été déminée.

Que faire à Sarajevo ?

Se balader à Baščaršija

Gontaine Sibilj Sarajevo

Baščaršija (prononcez Bach-tchar-chiya) est le joyau de Sarajevo : le quartier ottoman, qui vous transportera en Orient. C’est là que vous serez le plus dépaysé : minarets, appels à la prière, odeurs de grillades qui se mêlent à la fumée des narguilés… Le quartier est assez petit, et s’appréhende en se baladant sans but précis. Ce quartier date du XVe siècle, ce qui en fait le plus vieux de Sarajevo. Il est pris d’assaut par les touristes les soirs d’été. Visitez-le plutôt dans la journée, le matin et l’après-midi, et profitez de votre soirée pour dîner dans un autre quartier.

Photographier la fontaine Sebilj

Baščaršija Sarajevo

La fontaine Sebilj est le symbole de Sarajevo. Elle se trouve sur une place du même nom, que l’on surnomme la place aux pigeons, en raison des centaines de pigeons qui s’y trouvent. C’est le bonheur des photographes. Là encore, je vous recommande de la visiter plutôt dans la journée, car elle est vite envahie de touristes le soir.

Boire un café à la Turque

Homme servant un café turc

C’est une institution à Sarajevo ! Et au-delà de l’expérience d’un bon café turc, rien de plus agréable que de se poser en bordure de rue, et d’observer les passants. En Bosnie, le café se boit à la Turque, c’est-à-dire non filtré, servi dans un service en cuivre traditionnel, et accompagné d’un loukoum. J’ai testé des dizaines de cafés à Sarajevo, et je vous recommande le café bar Andar, idéalement situé pour regarder les passants, il sert même des baklavas. Pour une ambiance bien plus orientale, mais pas de vue sur les passants, le café Divan vaut le détour !

Se rendre au mythique pont latin

Pont latin de Sarajevo

Un véritable symbole ! Il faut dire que c’est juste devant, qu’a eu lieu l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand (vous en apprendrez plus dans ma section sur l’histoire de Sarajevo). À l’entrée du pont, un monument a été construit en 1917 en l’honneur de l’archiduc. Il fut détruit seulement un an après, car certains étaient plus en faveur de l’assassin, vu comme un héros. Aujourd’hui, ce monument est remplacé par une plaque transparente, volontairement discrète : c’est que la paix entre les communautés est fragile…

Le pont a changé de nom au fur et à mesure des phases historiques de la ville. Au lendemain de l’assassinat, Gavrilo Princip, le nationaliste Serbe responsable de la mort de l’archiduc, est considéré comme un héros par les Serbes, et le pont porte son nom. Il est brièvement renommé pont latin pendant l’occupation germano-croate, avant de retrouver le nom de pont Princip.

Visiter la mosquée Gazi Husrev-beg

C’est le cœur du quartier de Baščaršija, mais aussi la plus belle mosquée des Balkans. Entrez dans la cour vous imprégner de l’ambiance calme qui y règne. Mais ne vous embêtez pas à visiter l’intérieur : pour 3 €, c’est un peu cher sachant qu’on ne peut pas circuler dans l’intérieur de la mosquée, mais juste rester sur le pas de la porte, et qu’elle n’a pas un grand intérêt touristique.

L’Islam est la religion de plus de 50 % des Bosniens. Ceux-ci ont une pratique relativement flexible. Aussi, il n’est pas rare de voir des Bosniaques fumer ou boire de l’alcool. Notez donc que les femmes en burqa, ou les couples polygames composés d’un homme et de plusieurs femmes ne sont pas des Bosniens, mais des touristes venant du Golfe Persique. La Bosnie accueille beaucoup de touristes venant du Bahreïn, de l’Arabie Saoudite ou du Qatar.

Faire une visite guidée

Plus que dans n’importe quelle autre ville, une visite guidée à Sarajevo est indispensable. L’histoire de Sarajevo est si riche et si complexe qu’il est difficile d’appréhender la ville sans la comprendre. Je vous recommande les visites guidées de Sarajevo avec Neno, qui fonctionnent au pourboire. Attention, la réservation est obligatoire et il pourrait vous refuser sinon. Il propose deux visites guidées : l’une sur la rencontre de l’Est et de l’Ouest, et l’une sur la guerre. Neno ne se contente pas de raconter l’histoire des bâtiments, mais raconte aussi son enfance, passée dans le sous-sol de son immeuble, pendant la guerre. C’est un incontournable, aussi touchant qu’enrichissant.

Fumer la chicha

La nuit tombée, c’est une autre Sarajevo qui s’anime devant vos yeux ! Les terrasses des bars à chicha se remplissent de locaux qui se racontent leur journée. Mon bar à chicha préféré est Selfie bar : il est bien placé, au milieu d’une place remplie de bar du genre, et les serveurs sont adorables. Petit bonus : rentrez à l’intérieur et admirez le tableau au mur. C’est une photo d’époque d’hommes qui fumaient déjà le narguilé dans ce même bar…

Se faire les mains au henné

Mains au henné

Le henné ne fait pas vraiment partie des traditions bosniennes, c’est plutôt un aspect de la culture maghrébine. Toutefois, une artiste talentueuse propose ses services en plein cœur du quartier Ottoman. Elle a appris directement des femmes libyennes, lorsqu’elle y vivait. Ce serait bête de s’en passer ! Contactez Šejla Uzunović directement sur son WhatsApp, au +387 61 866 617, ou rendez-vous à son salon à Mudželiti mali 4.

Faire des emplettes au marché de contrefaçons

Le marché Gazi Husrev fait partie du complexe de bâtiments de la mosquée. À l’intérieur, on y trouve des contrefaçons de toute sorte : bijoux Louis Vuitton, sacs Chanel, chaussures Balenciaga, lunettes de soleil Gucci… L’ambiance est sympa, et étonnement, les vendeurs sont très scrupuleux. Quand mon portefeuille a cassé 1 heure après l’achat, je l’ai ramené avec peu d’espoir. Le vendeur me l’a non seulement remplacé sans discuter, mais m’a même donné 5 € de dédommagement !

Goûter des loukoums

Patisseries turques

C’est un immanquable de la culture bosnienne ! C’est aussi le cadeau idéal à ramener de Sarajevo, puisqu’ils se conservent assez bien pendant plusieurs semaines, même par fortes chaleurs. On trouve toute sorte de goûts, mais pour moi, le goût rose est le meilleur en plus d’être le plus traditionnel. N’hésitez pas à demander à goûter dans les magasins dédiés.

Faire une balade au vert jusqu’à un bain thermal

Thermes Bosnie

Ce n’est pas une priorité si vous ne restez qu’un ou deux jours à Sarajevo. Mais si vous restez plus longtemps, Vrelo Bosne est vraiment agréable pour un pique-nique ou pour une balade. C’est un parc autour de la source de la magnifique rivière Bosne.

Une autre balade de trois kilomètres entre les marronniers débute à cet endroit. Il s’agit de Velika Aleja. Vous pouvez la faire à pied ou en calèche. Elle mène à un hôtel 5 étoiles qui abrite un tout petit SPA (juste une piscine, un hammam turc et un sauna finlandais) très peu fréquenté. Le prix dérisoire est de 10 €. Rendez-vous à l’hôtel Malak Regency. Attention à ne pas vous tromper d’endroit, car il y a d’autres thermes visibles dès la fin de la balade, mais il s’agit d’un centre de médecine thermale.

Les meilleurs restaurants de Sarajevo

Le soir, préférez sortir du centre Ottoman pour manger. Il est bondé de monde, et les restaurants y sont généralement moins bons qu’ailleurs, et plus chers

Mon article sur les plats traditionnels en Bosnie, pour ne rien manquer de la cuisine locale

Goûter à la cuisine campagnarde bosnienne à Dveri

Dveri Sarajevo

C’est l’un des meilleurs restaurants du centre Ottoman, quartier habituellement assez décevant par sa gastronomie. Dans une ambiance paysanne, on y sert des plats traditionnels bosniens : Pogaća (rien à voir avec le cycliste slovène, c’est un pain traditionnel que l’on sert aux cérémonies), ajvar (pâte de poivron), goulash, poivrons panés farcis au fromage… Si vous mangez des grillades, accompagnez-les d’un yaourt : une boisson typiquement bosnienne !

Manger un burek traditionnel à Sač

Burek Sarajevo

Pour cet article, j’ai goûté plusieurs burek, la tourte traditionnelle des Balkans, pour trouver le meilleur de Sarajevo. Ceux de Sač m’ont tout de suite plu, car contrairement aux autres, la terrasse était remplie de Bosniens et non pas de touristes.

Les locaux ne se trompaient pas : ce sont réellement les meilleurs bureks, de loin, et les plus authentiques. J’en ai goûté différents : celui à la viande est vraiment au-dessus du lot. Demandez à le couvrir de yaourt pour le manger à la Sarajévienne.

Découvrir une cuisine créative à Mala Kunhinja

Mala Kuhina Sarajevo

Sarajevo est une capitale créative et dynamique, aussi, il est intéressant de goûter des plats modernes et de sortir, au moins un repas, des plats traditionnels bosniens. C’est un restaurant de cuisine fusion : à la rencontre entre les gastronomies bosniennes et asiatiques. Poussant le concept encore plus loin, Mala Kuhinja ne tend pas d’office la carte à ses invités, et essaye plutôt de discuter avec eux pour proposer un plat selon leurs envies. Pour ceux que le concept rebute, une carte est tout de même disponible, avec des options forcément moins flexibles.

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